- Définition de l’approche citoyenne apolitique d’une part et de l’approche radicale de l’écologie d’autre part
Il est possible de lire une fracture entre deux visions de l’écologie. D’une part, les mouvements que nous avons qualifiés de “citoyens apolitiques” dans notre deuxième article sur l’écologie radicale et d’autres part les mouvements d’écologie radicale. Le site Floraisons revient aux définitions de ces deux approche de l’écologie:
“Le citoyennisme est une forme de contestation qui apparaît dans un contexte où la révolution a été mise de côté, une contestation qui ne remet pas en cause l’exploitation qui, elle, suit son cours.” [1]
Ces approches citoyennes apolitiques souhaitent donc passer par une “révolution douce” qui n’intègre pas de discours sur le progrès social et la lutte des classes. Avec une approche individualiste “ni de droite, ni de gauche”, qui traduit en réalité une méconnaissance des luttes sociales et du lien entre l’écologie et l’économie. Ce qui évite de se poser la question de la compatibilité des exigences d’un monde soutenable avec les logiques propres au capitalisme et ne remet pas en cause l’ordre établi. [2]
L’écocide en cours s’inscrit dans des rapports de classe, comme nous l’avons expliqué dans notre premier article. Or, il n’est pas possible de mettre fin à des dominations de classe par des juxtapositions d’actions individuelles. Il est nécessaire d’avoir des comportements individuels cohérents avec ses valeurs et il faut changer les individus pour changer la société. Mais le problème se situant à l’échelle collective, il faut trouver des solutions et des formes de résistances collectives. Les institutions capitalistes responsables de l’écocide en cours (le marché, le mode de production capitaliste, l’Etat, les multinationales etc.) déterminent les comportements des individus. Il faut donc abattre ces institutions capitalistes, ce que les adeptes de l’écologie citoyenne sont incapables de concevoir.
Les radicaux, en remontant à la racine des problèmes, ont pour objectif de démanteler les systèmes d’oppression (capitalisme, patriarcat, racisme, …) car ces systèmes sont considérés comme injustes et oppressifs. La radicalité passe par des pratiques collectives telles que celles de la ZAD ou en Italien avec le mouvement No Muos (voir article deux sur trois). Des pratiques qui allient écologie et lutte contre le capitalisme, qui ne cherchent pas la rentabilité promue par le développement durable.
Au contraire, les citoyennistes veulent se servir de l’Etat pour changer le système de l’intérieur. Ils et elles légitiment ainsi les institutions comme les seules entités à pouvoir régler le problème.

“L’écologie citoyenne est une idéologie produite par des groupes ou organisations n’ayant pas de réelle perspective de dépassement du capitalisme.[...] Ces personnes ne considèrent pas les institutions comme mauvaises, elles ne voient pas ou ne veulent pas voir que des institutions comme le Marché, l’État, le système judiciaire, reproduisent à grande échelle des oppressions de classe, de genre, de race… Ils et elles se placent donc souvent comme des intermédiaires, qui seraient, eux, capables de gérer les institutions de façon plus éthique, prendre des décisions plus justes, mieux gérer un existant qui n’est pas foncièrement mauvais. Les radicaux ne veulent pas évoluer au sein d’un système d’oppression avec le plus d’intégrité personnelle, mais veulent démanteler le système en question. Les libéraux citoyennistes n’ont pas pour objectif de dépasser le capitalisme, les radicaux oui” [3]
2. Critique du système Pierre Rabhi
L’une des figures emblématiques de cette vision citoyenne apolitique de l’écologie est Pierre Rabhi. Ce qu’il propose illustre parfaitement une vision de l’écologie que nous critiquons. Jean-Baptiste Malet, dans un article du Monde Diplomatique, nous éclaire sur la personnalité Rabhi. C’est une personne qui a été proche du gouvernement de Vichy, pro Algérie française, profondément homophobe et sexiste. Il prône une écologie qui peut être qualifiée d’apolitique, ou alors de droite. L’approche de Rabhi, adulé, a été ré-utilisée à toutes les sauces, y compris par la multinationale Carrefour.
Cette enquête sur le « système Pierre Rabhi » est une critique adressée à une forme d’écologie non politique, spiritualiste et individualiste, qui appelle une prise de conscience des personnes mais se garde de mettre en cause le système économique. “Au cœur de l’industrie culturelle, M. Rabhi a su mobiliser l’imaginaire du paradis perdu et en faire un produit de consommation de masse.” [4]
La personnalité de Rabhi et son histoire ne sont pas à négliger. Elles déteignent sur sa vision apolitique de l’écologie. Une forme d’écologie qui ne prend notamment pas en compte la lutte des classes. Dans la pratique, c’est travailler dans des fermes, pour autre chose qu’un salaire, où il faut accepter de se donner. Encore une fois, une personne issue des classes supérieures, qui prêche la sobriété des précaires, des retraités modestes, des salarié.e.s, des étudiant.e.s et des chômeurs.euses, sans pour autant redistribuer sa fortune. Bref, une vision un peu bohème de la société, comme si la précarité était quelque chose d’exotique dans laquelle il faut se plaire.
Cette vision ésotérique de l’écologie apportée par Pierre Rabhi est dangereuse. Elle repose sur le bien-être individuel comme “le relais d’une idéologie triomphante qui sur-responsabilise les personnes et désamorce les conflits entre groupes sociaux.” [5] Une écologie ni de gauche ni de droite, basée sur une vision du développement personnel avec des valeurs de gauche (solidarité, égalité) et un vision du mérite et de la responsabilité individuelle. C’est ainsi que des mouvements réellement émancipateurs et révolutionnaires ne sont pas intégrés à la lutte pour l’environnement, tels que le féminisme, la lutte des classes. Ces chemin vers une “société alternative” qui ne veut pas faire de vagues “en rejoignent souvent un autre qui lui est dominant en ce début de XXIème siècle, une version exacerbée de l’individualisme libéral….cette écologie dépolitisée est un outil d’acceptation sociale.” [6]
Dans notre premier numéro nous mentionnions les chiffres d’Oxfam: “la pression sur l'environnement vient en réalité de la surconsommation des ressources naturelles par les quelque 10 % les plus riches de la population mondiale” [7]
Nous persistons à croire que l’approche citoyenniste permet de réfléchir à certaines alternatives, au sein du système actuel, et peuvent être bonnes à prendre. Mais cette approche citoyenne apolitique, sans perspective de lutte des classes, reposant sur les responsabilités individuelles, n’a, au vu des chiffres d’oxfam, aucune capacité à freiner significativement et encore moins à stopper l’écocide en cours. Elle n’a aucune capacité à transformer en profondeur nos modes de consommation. Elle ne va au mieux, pas déstabiliser le capitalisme et au pire, faire parti intégrante du “capitalisme vert”.

3. Du capitalisme vert
Déjà en 1974, André Gorz, écrivait sur les dangers de ce que nous appelons maintenant le capitalisme vert, et sur la nécessité de changer radicalement de système, bien qu’il l’ai fait avec d’autres mots.
Il vaut mieux tenter de définir, dès le départ, pour quoi on lutte et pas seulement contre quoi. Et il vaut mieux essayer de prévoir comment le capitalisme sera affecté et changé par les contraintes écologiques, que de croire que celles-ci provoqueront sa disparition, sans plus.
Mais d’abord, qu’est-ce, en termes économiques, qu’une contrainte écologique ? Prenez par exemple les gigantesques complexes chimiques de la vallée du Rhin, à Ludwigshafen (Basf), à Leverkusen (Bayer) ou Rotterdam (Akzo). Chaque complexe combine les facteurs suivants :
— des ressources naturelles (air, eau, minéraux) qui passaient jusqu’ici pour gratuites parce qu’elles n’avaient pas à être reproduites (remplacées) ;
— des moyens de production (machines, bâtiments), qui sont du capital immobilisé, qui s’usent et dont il faut donc assurer le remplacement (la reproduction), de préférence par des moyens plus puissants et plus efficaces, donnant à la firme un avantage sur ses concurrents ;
— de la force de travail humaine qui, elle aussi, demande à être reproduite (il faut nourrir, soigner, loger, éduquer les travailleurs).
En économie capitaliste, la combinaison de ces facteurs, au sein du processus de production, a pour but dominant le maximum de profit possible (ce qui, pour une firme soucieuse de son avenir, signifie aussi le maximum de puissance, donc d’investissements, de présence sur le marché mondial). La recherche de ce but retentit profondément sur la façon dont les différents facteurs sont combinés et sur l’importance relative qui est donnée à chacun d’eux.
La firme, par exemple, ne se demande jamais comment faire pour que le travail soit le plus plaisant, pour que l’usine ménage au mieux les équilibres naturels et l’espace de vie des gens, pour que ses produits servent les fins que se donnent les communautés humaines. (…)
Mais voici que, dans la vallée du Rhin notamment, l’entassement humain, la pollution de l’air et de l’eau ont atteint un degré tel que l’industrie chimique, pour continuer de croître ou même seulement de fonctionner, se voit obligée de filtrer ses fumées et ses effluents, c’est-à-dire de reproduire des conditions et des ressources qui, jusqu’ici, passaient pour « naturelles » et gratuites. Cette nécessité de reproduire l’environnement va avoir des incidences évidentes : il faut investir dans la dépollution, donc accroître la masse des capitaux immobilisés ; il faut ensuite assurer l’amortissement (la reproduction) des installations d’épuration ; et le produit de celles-ci (la propreté relative de l’air et de l’eau) ne peut être vendu avec profit.
Il y a, en somme, augmentation simultanée du poids du capital investi (de la « composition organique »), du coût de reproduction de celui-ci et des coûts de production, sans augmentation correspondante des ventes. Par conséquent, de deux choses l’une : ou bien le taux de profit baisse, ou bien le prix des produits augmente. La firme cherchera évidemment à relever ses prix de vente. Mais elle ne s’en tirera pas aussi facilement : toutes les autres firmes polluantes (cimenteries, métallurgie, sidérurgie, etc.) chercheront, elles aussi, à faire payer leurs produits plus cher par le consommateur final. La prise en compte des exigences écologiques aura finalement cette conséquence : les prix tendront à augmenter plus vite que les salaires réels, le pouvoir d’achat populaire sera donc comprimé et tout se passera comme si le coût de la dépollution était prélevé sur les ressources dont disposent les gens pour acheter des marchandises.
La production de celles-ci tendra donc à stagner ou à baisser ; les tendances à la récession ou à la crise s’en trouveront aggravées. Et ce recul de la croissance et de la production qui, dans un autre système, aurait pu être un bien (moins de voitures, moins de bruit, plus d’air, des journées de travail plus courtes, etc.), aura des effets entièrement négatifs : les productions polluantes deviendront des biens de luxe, inaccessibles à la masse, sans cesser d’être à la portée des privilégiés ; les inégalités se creuseront ; les pauvres deviendront relativement plus pauvres et les riches plus riches.
La prise en compte des coûts écologiques aura, en somme, les mêmes effets sociaux et économiques que la crise pétrolière. Et le capitalisme, loin de succomber à la crise, la gérera comme il l’a toujours fait : des groupes financiers bien placés profiteront des difficultés de groupes rivaux pour les absorber à bas prix et étendre leur mainmise sur l’économie. Le pouvoir central renforcera son contrôle sur la société : des technocrates calculeront des normes « optimales » de dépollution et de production, édicteront des réglementations, étendront les domaines de « vie programmée » et le champ d’activité des appareils de répression. (…)
C'est bien ainsi que les choses risquent de se passer si le capitalisme est contraint de prendre en compte les coûts écologiques sans qu’une attaque politique, lancée à tous les niveaux, lui arrache la maîtrise des opérations et lui oppose un tout autre projet de société et de civilisation. Car les partisans de la croissance ont raison sur un point au moins : dans le cadre de l’actuelle société et de l’actuel modèle de consommation, fondés sur l’inégalité, le privilège et la recherche du profit, la non-croissance ou la croissance négative peuvent seulement signifier stagnation, chômage, accroissement de l’écart qui sépare riches et pauvres. Dans le cadre de l’actuel mode de production, il n’est pas possible de limiter ou de bloquer la croissance tout en répartissant plus équitablement les biens disponibles. Tant qu’on raisonnera dans les limites de cette civilisation inégalitaire, la croissance apparaîtra à la masse des gens comme la promesse — pourtant entièrement illusoire — qu’ils cesseront un jour d’être « sous-privilégiés », et la non-croissance comme leur condamnation à la médiocrité sans espoir. Aussi n’est-ce pas tant à la croissance qu’il faut s’attaquer qu’à la mystification qu’elle entretient, à la dynamique des besoins croissants et toujours frustrés sur laquelle elle repose, à la compétition qu’elle organise en incitant les individus à vouloir, chacun, se hisser « au-dessus » des autres. [8]
4. De la nécessité de résister
Il ne faut pas croire que d’acheter moins, de consommer moins et un acte politique puissant. S’il est nécessaire de vivre avec moins et d’être cohérent avec son mode de pensée, les actions individuelles ne sont pas le moteur d’un changement social révolutionnaire. Nos changements de comportements à l’échelle individuelle ne permettront pas de stopper l’écocide en cours et la destruction de la planète telle que nous la connaissons. Seules des actions collectives de résistances et de démantèlement du système peuvent avoir un impact. C’est pourquoi une approche radicale est nécessaire.

Si des expériences apolitiques (telles que citées dans le deuxième article de cette série) peuvent être utiles - car elles permettent d’explorer différentes manières de vivre, différents systèmes - elles ne devraient en aucun cas s’opposer à d’autres tactiques qui s’inscrivent dans une logique révolutionnaire visant à renverser et remplacer le système capitaliste. Il est impossible d’avoir une approche de l’écologie efficace sans y intégrer la lutte des classes et une vision critique des rapports inégalitaires à l’internationale.
Le site Floraisons propose 5 stratégies de résistance, relatives à l’écologie mais qui pourraient être transposées dans d’autres domaines.
“D’abord, qu’est-ce que résister ? Ce n’est pas simplement dénoncer le réchauffement climatique, ou la mauvaise volonté des dirigeants. Résister, c’est s’opposer directement aux systèmes d’oppressions, à la civilisation industrielle. C’est comprendre que ces systèmes ont un début historique et une fin. Résister c’est vouloir démanteler ces systèmes, accélérer leur fin. Comment donc résister ? Grâce à des actions organisées qui se passent en dehors des institutions existantes du pouvoir, qui visent à les renverser en en construisant d’autres dans un même mouvement. C’est possible grâce à cinq stratégies complémentaires :
Stratégie 1: Apporter son soutien aux luttes pour la justice sociale et écologique en cours et s’y investir. Promouvoir l’équité et entraver l’exploitation exercée par les puissants.
Stratégie 2 : Défendre les territoires et empêcher l’expansion de la déforestation, des extractions minières, des chantiers de construction et ainsi de suite, afin que plus de terres et d’espèces soient préservées au moment où la civilisation s’effondrera.
Stratégie 3 : Construire et mobiliser des organisations de résistance décentralisées en mesure de soutenir les activités précédemment mentionnées.
Stratégie 4 : Rétablir des pratiques de subsistance soutenable (dont la polyculture de plantes pérennes et vivaces pour l’alimentation) et des pratiques d’organisation démocratiques afin de recréer des cultures humaines soutenables et démocratiques.
Stratégie 5 :Recourir aux actions directes contre les infrastructures industrielles destructrices, en particulier celles du secteur énergétique. Bloquer, perturber, saboter toute initiative polluante ou autrement nuisible.” [9]
5. Résister par la création d’une nouvelle hégémonie
Afin de réconcilier les approches citoyennes apolitiques et les approches radicales, nous vous proposons de les analyser en termes de tactiques. Les méthodes citoyennes apolitiques parlent de changer le système de l’intérieur tandis que les méthodes radicales parlent de changer le système. Nous pensons que les luttes radicales ont besoin de formes citoyennes apolitiques (a l’exclusion de discours qui promeuvent le capitalisme vert) afin de mieux prendre le contrôle de l’hégémonie, ce qui permettra de lutter de l’intérieur, pour créer un terrain favorable afin de changer de système.
Parce que l’écologie est souvent vue comme apolitique, le capitalisme a facilement pu infiltrer ces mouvements, à travers le greenwashing. A nous de le contrer et de démentir cette vision apolitique: elles s’inscrivent simplement dans l’hégémonie dominante, à savoir, le capitalisme. Le citoyennisme apolitique, sous couvert de neutralité, revient actuellement à être partisan de l’hégémonie dominante et contribue aux changements climatiques catastrophiques que nous constatons. S’il ne faut pas jeter tout ce que le citoyennisme apolitique a pu apporter, il faut le regarder de manière critique et le faire évoluer en prenant le contrôle de l’hégémonie.
La lutte écologique est bien une lutte pour l’hégémonie. L’hégémonie actuelle en matière d'écologie est celle du capitalisme vert. Évoquer l’écologie, c’est comme le suffrage universel: c’est devenu une cause à laquelle tout le monde adhère, mais dans la pratique, le mot “universel” n’est pas toujours compris de la même manière. Les migrants n’ayant pas acquis la nationalité mais vivant sur le territoire, ont-ils et ont-elles le droit de voter? A l’échelle communale seulement ou plus largement?
Il en va de même pour l’écologie. En dehors de Trump et autres individus du même acabit, le changement climatique n’est, en théorie, plus sujet à débat. Le besoin d’opter pour des modes de vie plus écologiques non plus. Mais dans quelle pratique? Le capitalisme intègre cette contrainte comme il a intégré toutes les autres: en créant un capitalisme vert. Mais que voulons-nous? Un capitalisme qui s'accommode des contraintes écologistes ou une révolution économique, sociale et culturelle qui abolit les contraintes du capitalisme et instaure un nouveau rapport des hommes à la collectivité, à l’environnement et à la nature? Réforme ou révolution?
Afin de mener le combat pour le changement climatique il faut aussi disposer du langage pour le faire. Il faut commencer par comprendre le langage contemporain de la domination de l’Homme sur la nature pour en dévoiler le caractère profondément idéologique. Ensuite, il faut s’armer culturellement et lui opposer une conception radicalement autre que celle que nous tous et toutes connaissons aujourd’hui.
Prenons l’exemple du “développement durable”. Depuis les années 1970, introduction de l’idée qu’il existe des limites à la croissance (augmentation de la production de biens et services mesurée généralement par l’évolution du PIB). Cette idée est potentiellement subversive. Mais elle est écartée par l’idée de développement durable qui opte plutôt pour une croissance verte, respectueuse de l’environnement. Le développement durable ne remet pas en question la croissance elle-même et est un exemple parfait de la manière dont le capitalisme a su s'accommoder de ses contraintes et reprendre une idée potentiellement subversive pour mieux la détourner: la croissance verte. #greenwashing

Or, le système capitaliste qui se base sur toujours plus de croissance pour toujours plus de bénéfices, au détriment des humaines et de la nature, ne peut se passer de la croissance.
Une piste de reprise de contrôle de l’hégémonie est le mouvement décroissant. La décroissance critique le développement durable. Ce mouvement appelle à des modes de vie non dépendants de la croissance. C’est aussi un mouvement social qui s’oppose à la croissance verte, qui insiste sur le fait que la décroissance est une condition de la justice sociale et de la redistribution des richesses, mettant notamment l’accent sur la décroissance des pays les plus riches. C’est également une réflexion sur l’avenir de l’humanité une fois que nous ne vivrons plus dans une société d’abondance.
Conclusion
Le système capitaliste est à l'origine de la crise écologique actuelle. Il existe des solutions, mais celles-ci doivent être pensées dans une logique révolutionnaire et radicale.
Quel que soit le type de stratégie adopté pour lutter dans des mouvements écologistes, perdre de vue la lutte des classes serait dangereux. Si par exemple la décroissance n'est pas organisée en même temps que la réorganisation équitable des richesses et dissout les classes telles que nous les connaissons actuellement, la décroissance pourrait alors devenir un outil d'oppression des classes travailleuses. Si tout le monde baisse sa croissance de manière égale, les classes dominantes resteront les grandes gagnantes du système.
Cette suite d'article met également en évidence la nécessité de la convergence des luttes. La révolution écologique aura lieu d'une manière ou d'une autre, car nous n'auront bientôt plus le choix au vu du réchauffement climatique, de l'épuisement de certaines ressources, de la pollution des eaux, ... Elle aura donc lieu, que cette révolution soit bourgeoise ou prolétaire. Mais si les bourgeois maintiennent leur hégémonie, si le capitalisme vert continue à l'emporte, ce sera une énième révolution manquée.
La lutte environnementale doit être liée à la lutte des classe, sans quoi elle se fera au détriment des classes travailleuses, des femmes, du monde non occidental et des minorités.

SOURCES
[1] Floraisons, Limites de l’écologie cityoennes, https://floraisons.blog/limites-de-lecologie-citoyenne/
[2] Revue Ballast, Jean Baptiste Comby, La lutte écologique est avant tout une lutte sociale, https://www.revue-ballast.fr/jean-baptiste-comby/
[3]Floraisons, Limites de l’écologie citoyennel https://floraisons.blog/limites-de-lecologie-citoyenne/
[4] Malet, J-B. Le Monde Diplomatique, Le système Pierre Rabhi, août 2018.
[5] Aude Vidal, Ecologie, individualisme et course au bonheur. Le monde à l’envers: Grenoble 2017.
[6] Aude Vidal, Ecologie, individualisme et course au bonheur. Le monde à l’envers: Grenoble 2017, p.44
[7] Oxfam, Les 1% les plus riches empochent 82 % des richesses crééent l’an dernier, la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en voit pas une miette. https://www.oxfam.org/fr/salle-de-presse/communiques/2018-01-22/les-1-les-plus-riches-empochent-82-des-richesses-creees-lan.
[8] Gorz, A., Le Monde Diplomatique, Leur écologie et la nôtre, avril 2010.
[9] Floraisons, https://floraisons.blog/apropos/.