La Canaille est un chant révolutionnaire de 1865, précurseur de la Commune de Paris, d'abord appelé “La Chanson des gueux”. Les paroles sont d'Alexis Bouvier, romancier et auteur dramatique parisien et la musique de Joseph Darcier, enseignant et musicien français.
Cependant la toute première interprétation publique de ce chant a été attribué à Rosa Bordas, Rosalie Marin de son vrai nom, qui était une chanteuse populaire d’opéra. En 1871, elle l’aurait chanté devant une foule qui avait occupé le salon des Maréchals dans le Palais des Tuileries, à Paris. Il s’agissait d’un des “concerts communards” qui ont eu lieu en Mai de la même anné, avant que le peuple décidait de brûler le palais. La légende veut que le brasier engendré à duré 3 jours avant de s’éteindre définitivement.
Texte originel de 1865
Dans la vieille cité française
Existe une race de fer
Dont l'âme comme une fournaise
A de son feu bronzé la chair.
Tous ses fils naissent sur la paille,
Pour palais ils n'ont qu'un taudis.
C'est la canaille, et bien j'en suis.
Ce n'est pas le pilier du bagne,
C'est l'honnête homme dont la main
Par la plume ou le marteau
Gagne en suant son morceau de pain.
C'est le père enfin qui travaille
Les jours et quelques fois les nuits.
C'est la canaille, et bien j'en suis.
C'est l'artiste, c'est le bohème
Qui sans souffler rime rêveur,
Un sonnet à celle qu'il aime
Trompant l'estomac par le cœur.
C'est à crédit qu'il fait ripaille
Qu'il loge et qu'il a des habits.
C'est la canaille, et bien j'en suis.
C'est l'homme à la face terreuse,
Au corps maigre, à l'œil de hibou,
Au bras de fer, à main nerveuse,
Qui sort d'on ne sait pas où,
Toujours avec esprit vous raille
Se riant de votre mépris.
C'est la canaille, et bien j'en suis.
C'est l'enfant que la destinée
Force à rejeter ses haillons
Quand sonne sa vingtième année,
Pour entrer dans nos bataillons.
Chair à canon de la bataille,
Toujours il succombe sans cris.
C'est la canaille, et bien j'en suis.
Ils fredonnaient la Marseillaise,
Nos pères les vieux vagabonds
Attaquant en 93 les bastilles
Dont les canons
Défendaient la vielle muraille
Que d'étrangleurs ont dit depuis
C'est la canaille, et bien j'en suis.
Les uns travaillent par la plume,
Le front dégarni de cheveux
Les autres martèlent l'enclume
Et se saoûlent pour être heureux,
Car la misère en sa tenaille
Fait saigner leurs flancs amaigris.
C'est la canaille, et bien j'en suis.
Enfin c'est une armée immense
Vêtue en haillons, en sabots
Mais qu'aujourd'hui la vieille France
Les appelle sous ses drapeaux
On les verra dans la mitraille,
Ils feront dire aux ennemis :
C'est la canaille, et bien j'en suis.
Une trentaine d'années auparavant, avait lieu la révolte des canuts. Vous pouvez en savoir plus ici https://radix.red/canuts/