Pour le 7éme numéro du Coin de Karl, la rédaction de Radix va brièvement vous présenter la notion de “Classe sociale”.
Premièrement, le terme “classe” n’est pas d’invention marxiste puisqu’il est déjà utilisé à l’époque romaine au niveau du droit public, lequel partageait la société en plusieurs classes afin de faciliter le décompte de la population. Celles-ci étaient partagées principalement entre la noblesse, composée de plusieurs catégories et le populus, le peuple, ainsi que les esclaves et les non-citoyens.
Avant que Marx et Engels se penchent sur la question de la hiérarchisation des sociétés, des historiographes, des économistes politiques classiques et des socialistes “utopiques” en avaient déjà fait des études extensives. Les deux intellectuels y ont puisé les bases de leur propre conceptualisation.
Nous retrouvons peu de chapitres concernant les classes sociales dans l’ensemble des œuvres de Marx et pour la majeure partie ils restent inachevés, comme par exemple dans “Introduction de 1857 à la critique de l’économie politique” ainsi que dans un chapitre tardif du 3éme livre du Capital.
Mais finalement qu’est-ce qu'une “classe sociale” ?
La définition la plus répandue et utilisée appartient à Lénine :
“ On appelle classes de vastes groupes d’hommes qui se distinguent par la place qu’ils occupent dans un système historiquement défini de production sociale, par leur rapport (la plupart du temps fixé et consacré par les lois) via-à-vis des moyens de production, par leur rôle dans l’organisation sociale du travail, donc, par les modes d’obtention et l’importance de la part des richesses sociales dont ils disposent. ” (Labica & Bensussan, 1998, p.173)
Cette citation nous permet de préciser l’idée directrice derrière la notion de classes : c’est celle d’une correspondance entre les rapports de distribution et les rapports de production qui, en dernière analyse, les déterminent.
De plus, les classes ne se définissent pas par l'isolement les unes des autres, mais seulement par le rapport social d’antagonisme qui les oppose entre elles. Leur existence concrète n’est jamais que le résultat provisoire d’un procès de division plus ou moins avancé dans une formation sociale donnée.
À partir de ces concepts tous et toutes les marxistes conséquent.e.s en ont tiré les deux thèses suivantes :
- Une seule classe peut être dominante, toutes les autres, exploiteuses ou exploités, doivent donc se plier aux conditions de sa domination.
- Une seule “source” de tout revenu peut exister : le travail, donc le surtravail qui, dans une société marchande, se réalise d’une façon ou d’une autre comme survaleur.
Aujourd’hui encore le concept de classe est source de débat tant au sein des cercles politiques que chez les intellectuels.elles et militant.es. Il est facile d’en comprendre l’importance, surtout pour les conséquences d’un point de vue pratique, par exemple si le but est de réfléchir à une stratégie politique valable et en accord avec les réalités sociales sur le terrain.
Pour conclure nous pouvons en citer quelques unes, au sens marxiste, puisque celles-ci existent encore aujourd’hui, même dans une société post-industrielle comme celle suisse :
- La Bourgeoisie
Composée en nombre des grands propriétaires d’entreprises, d’industriels, des certains cadres ainsi que des membres des professions dites libérales. Cette catégorie très favorisée de la population maintient la mainmise sur la majorité de l’économie nationale grâce à ses réseaux d’influence et en imposant un code moral de conduite strict afin de mieux contrôler ses membres.
- La Petite bourgeoisie
Nous y trouvons les fonctionnaires, les enseignants, certains cadres, les propriétaires de PME (Petite Moyenne Entreprise), les restaurateurs, les artisans et les petits rentiers. Dans cette classe sociale nous retrouvons des postes à responsabilité mais les sommes d’argent impliqués sont nettement moins importantes en rapport avec la couche supérieure.
- Le Prolétariat
Dans cette classe dite classe travailleuse nous retrouvons les ouvriers.ères, qualifiés et non, les travailleur.euses à domicile, les employés à contrat précaire, les livreurs.euses et plus généralement n’importe quelle personne disposant uniquement de sa propre force de travail pour survivre dans une société capitaliste.
- La Paysannerie
Composée comme son nom l’indique de paysans qui se divisent en différentes sous catégories selon leur degré de propriété de la terre.
- Le Lumpenprolétariat
Ce mot nous vient de l’allemand et signifie “prolétariat en haillons” parfois traduit par “sous-prolétariat”. Cette catégorie de la population est considérée comme étant la partie déclassée du prolétariat, laquelle s’apparente à de formes de précarité. Considérés comme des voyous, des mendiants ou des voleurs cette classe ne disposerait pas, ou ne veut pas, d’une conscience de classe.
BIBLIOGRAPHIE
- Bensussan G., Labica G. Dictionnaire critique du marxisme. Paris : Éditions Quadrige/PUF, 3éme ed. 1999.
Lien intéressants :
- https://journals.openedition.org/sociologies/2985 (Les classes sociales en Suisse en 1965)
- http://revueperiode.net/classe-et-lutte-de-classes-dans-lantiquite/
- https://www.24heures.ch/vaud-regions/portrait-classe-moyenne-chere-elus/story/24304369
- https://www.tdg.ch/suisse/classe-moyenne-inferieure-vit-plus-limite-pauvrete/story/21404786 (Article sur l'appauvrissement des classes moyennes)
- https://www.letemps.ch/suisse/ps-perdu-proletaires-profit-ludc (Article sur le changement du vote de classe)
- https://www.rts.ch/la-1ere/11571194-les-proletaires-du-numerique.html (Article nouveaux prolétaires 2.0)
- https://www.google.ch/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=&cad=rja&uact=8&ved=2ahUKEwjtm5bw6v3uAhVSxosKHXh3B7kQFjADegQIAxAD&url=https%3A%2F%2Fwww.bfs.admin.ch%2Fbfsstatic%2Fdam%2Fassets%2F341137%2Fmaster&usg=AOvVaw22gPYtWpllOvZS3JevIxUN (Recensement fédéral de population 1990)